Traite des êtres humains : ils parlent pour que cela n’arrive plus (03/02/2014)

Najat Vallaud-Belkacem, la ministre des Droits des femmes, a présenté ce lundi 3 février 2014, les pistes pour son Plan national de lutte contre la traite des êtres humains, avant de rencontrer des victimes soutenues par le Comité contre l’esclavage moderne (CCEM). Reportage dans cet organisme parisien qui aide les personnes à se reconstruire.


« Oui il y a des esclaves en France, mais ils sont invisibles, affirme Sylvie O’dy, co-présidente du Comité contre l’esclavage moderne (CCEM), une association soutenue par le Secours Catholique. Les victimes d’esclavage domestique et de travail forcé sont très difficilement repérables. C’est pour cela qu’il est important de communiquer auprès du grand public. Tous les jours, on en croise peut-être au supermarché ou à la sortie de l’école. Ces quelques minutes de liberté sont essentielles pour les approcher. »

Cela ne fait que deux mois qu’Henri* est libre. Et c’est justement une voisine d’un village du centre de la France dans lequel il a vécu quasi-enfermé pendant 17 ans, qui l’a sauvé en prévenant le CCEM. Henri avait 20 ans quand il a commencé à travailler pour son “maître”, un Français, directeur d’une grande banque, marié à une franco-ivoirienne. D’abord à Abidjan puis en France, dans cette grande propriété de huit hectares dont il avait la charge avec un autre domestique lui aussi exploité.

« On savait quand on commençait mais jamais quand on allait finir. On s’occupait du linge, du ménage, des courses, du service et du terrain, sans jamais un jour de libre, sans être payés. Il avait caché nos papiers et nous disait que si on sortait, on risquait de se faire arrêter et d’être renvoyés en Côte d’Ivoire. »

L’espoir s’est transformé en enfer

Henri avait arrêté ses études à la mort de son père et cherché un petit boulot pour payer son permis de conduire. Il avait laissé sa famille et accepté de suivre son patron dans l’espoir d’être régularisé et de vivre une vie meilleure. Mais ce qui ne devait être que temporaire s’est transformé en enfer. « Mon patron était un homme très influent, il faisait partie de la haute sphère. Qu’est-ce que je pouvais faire contre lui ? »

Quand le comité le contacte la première fois, Henri est sceptique. Un membre de l’association se rend sur place pour lui expliquer ses droits. Ils ont continué de se parler au téléphone. Et Henri a pris sa décision. Il s’est enfui et a coupé tout contact avec son ancien “maître”.

Pour l’instant il vit chez une amie de son ancienne voisine, en attendant de trouver un hébergement. Mais surtout il n’a plus peur. « Je vais y aller à fond. Je vais porter plainte contre mon patron car il a abusé de ma confiance, il m’a trahi. Quand j’étais isolé, j’avais peur, mais aujourd’hui avec le soutien du comité, je me sens plus fort. »

Pas de peine dissuasive

En sept ans, Sofia ne voit pas un seul médecin et ne parle avec personne…..

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