Accompagnement social et psychologique

L’accompagnement social est la première étape pour accompagner les victimes après des mois et des années d’exploitation, pour retrouver leur droits et leur dignité,  leur autonomie de vie, et les fondements d’un parcours d’insertion ceci pour faire face à la vie quotidienne ainsi qu’aux épreuves particulièrement angoissantes des procédures juridiques (dépôt de plainte, procès, etc.).

L’accompagnement social du CCEM se construit sur une base individualisée. Il est conçu autour de deux logiques en fonction des capacités et des besoins des personnes accompagnées à la sortie d’exploitation et ensuite dans l’autonomie et l’insertion.

Les personnes accompagnées cumulent des difficultés singulières à leur sortie d’exploitation, en raison de l’enfermement et la maltraitance dont elles ont été victimes. Ces difficultés sont essentiellement liées à la méconnaissance de la langue, l’absence de réseau social, le manque de repère géographique pour se déplacer, et surtout l’absence d’hébergement et des moyens pour subvenir à leurs besoins.

L’accompagnement social démarre dans un premier temps par un travail d’écoute, essentiel pour appréhender les souffrances du passé, les difficultés du présent et mieux accompagner les victimes qui restent angoissées quant à leur avenir. Il permet aussi un réconfort, un soutien moral visant à encourager et à mobiliser la personne pour ainsi poser les bases d’analyse du parcours d’accompagnement, et enfin à mettre en place les objectifs et les priorités de cet accompagnement.

Les personnes bénéficient d’un projet d’accompagnement individualisé  qui permet à la personne et au travailleur social de définir les priorités, les objectifs et les besoins de l’accompagnement. Ce contrat constitue la première étape fondamentale dans le parcours d’intégration de la personne récemment sortie d’une situation d’exploitation aggravée. Il permet également de mesurer la progression de cette personne, étape après étape.

Les deux logiques de cet accompagnement sont :

Les actions primaires

  • l’écoute
  • le soutien moral et la mobilisation
  • l’aide financière primo sortants
  • la domiciliation administrative
  • l’hébergement d’urgence et la recherche d’une solution d’hébergement pérenne
  • la réponse aux besoins primaires (nourriture, vêtements, etc.)

Les actions d’insertion

  • l’ouverture et le maintien des droits
  • l’accès aux soins
  • l’insertion par  la culture et les activités de loisirs
  • l’apprentissage du français
  • l’insertion professionnelle

Les personnes prises en charge sont ainsi accompagnées dans l’accès aux besoins primaires ainsi que leurs démarches visant l’accès aux droits auprès des administrations, notamment pour l’accès à la couverture santé, ou l’ouverture de compte en banque.

Pour l’hébergement, le CCEM appuie les personnes accompagnées dans le cadre des dispositifs du droits communs (115, SIAO, etc…) pour trouver des solutions de mise à l’abri et d’hébergement. Par ailleurs, le CCEM dispose d’un appartement d’urgence de 6 places pour femmes sortant d’exploitation en grande exclusion. Cet accueil leur permet une mise à l’abri (sécurisée), la possibilité de « se poser » dans de bonnes conditions d’hébergement et d’engager toutes les actions proposées dans le cadre de l’accompagnement social.

Afin de mieux accompagner les personnes dans leur parcours d’insertion, des actions culturelles et de bien-être sont aussi proposées.

L’action d’insertion professionnelle du CCEM est portée par une bénévole (ancienne professionnelle de l’insertion) afin d’accompagner les personnes pour la construction d’un parcours d’insertion, l’accès à la formation, la recherche d’emploi, etc…

 

Le CCEM propose également un soutien et un accompagnement psychologique aux victimes prises en charge.

En effet, suite à des événements violents et potentiellement traumatisants, comme ceux vécus par les victimes d’exploitation par le travail, reçues au CCEM, les personnes sont atteintes dans leur intégrité psychique et peuvent développer des troubles d’état de stress post-traumatique, d’anxiété et de dépression. Ces troubles sont d’autant plus présents quand les victimes cumulent plusieurs vécus traumatisants (excision, violences conjugales/sexuelles, maltraitances familiales, parcours migratoire…) qui se rajoutent à l’exploitation par le travail.

Ainsi, après une première rencontre individuelle et une évaluation de l’état de la victime, ainsi que de sa demande, la psychologue lui propose une prise en charge plus ou moins régulière. Le suivi a lieu en français, en arabe ou en anglais.

En parallèle à ce suivi, la psychologue du CCEM peut accompagner ponctuellement les personnes prises en charge lors de moments clés de leur procédure, comme le dépôt de plainte, la confrontation avec les auteurs ou l’audience au tribunal.

La psychologue est également amenée à gérer les situations d’urgence, en étroite collaboration avec les organismes compétents (Samu, Urgences hospitalières etc.). Les personnes sont généralement réorientées vers des structures partenaires pour un suivi psychologique sur le plus long terme ou pour un accompagnement psychiatrique.

Par ailleurs, la psychologue est chargée d’organiser des formations de sensibilisation à la spécificité de la problématique psychologique des victimes de traite des êtres humains, auprès de structures partenaires.