En 2022, des familles ont des esclaves à domicile en France (14/04/2022)

Les exploitants n’hésitent pas à promettre des papiers d’identités ou menacer de mort leurs “employés de maison”.

Les yeux fuyants, Inès s’installe sur le canapé en face de moi. C’est la première fois qu’elle raconte son histoire à une journaliste et il faut dire qu’elle n’a pas très envie de ressasser le passé. La main sur son ventre, elle caresse des doigts son futur enfant. « C’est un garçon », me dit-elle lorsque je l’interroge sur le sujet. Un franc sourire se dessine sur son visage à la simple idée de rencontrer, dans quelques mois, son bébé. Si Inès est aujourd’hui libre de ses mouvements, cela n’a pas toujours été le cas. En 2016, cette dernière était une esclave domestique en France. 

La pratique semble archaïque et pourtant de nombreuses personnes se retrouvent chaque année victimes de travail forcé. Selon l’Organisation internationale du travail, ils sont environ 129 000 à être dans cette situation en France. Les formes d’esclavages modernes peuvent être variées, tel qu’un travailleur dans un magasin, un champ, une usine mais aussi sexuellement ou encore utilisée comme domestique. Les victimes viennent généralement du Maghreb, de l’Afrique de l’Ouest et de l’Asie du Sud-Est. Dès leur arrivée chez l’exploitant, leurs papiers sont immédiatement confisqués pour exercer une pression. Il leur est généralement interdit de sortir hormis lorsqu’ils doivent “travailler” pour la famille et ils restent généralement sous surveillance. Leurs conditions de vie sont souvent indignes, la plupart sans chambre ou lit pour dormir et avec un accès limité à la douche et la nourriture.

Pour les cas d’esclavage domestique, il est difficile de repérer les trafics d’êtres humains. Cachés dans les foyers, les “employés de maison”, comme Inès, se retrouvent coincés en quatre murs. Originaire d’un pays de l’Afrique francophone, que nous tairons pour éviter les représailles, la jeune femme a 23 ans lorsque sa patronne lui propose de partir en France et d’être logée gracieusement chez sa sœur. « Je travaillais dans un salon de manucure et je voulais vraiment reprendre mes études. En France, c’était parfait » raconte-t-elle. À l’été 2016, Inès débarque en Île-de-France des rêves plein la tête.

Lire la suite de l’article ici