“19 heures de travail par jour” : un ex-ministre burundais jugé en appel pour esclavage moderne (17/02/2021).

Méthode S. avait déjà raconté en 2019 comment il avait été “réduit en esclavage” dans la maison du couple, à Ville-d’Avray, pendant dix ans.

Un ex-ministre de la Justice burundais et son épouse, accusés de «traite d’être humain» pour avoir exploité un compatriote pendant 10 ans chez eux en région parisienne, seront jugés ce mercredi devant la cour d’appel de Versailles.

Le couple de dignitaires avait été condamné en première instance en octobre 2019 à deux ans de prison avec sursis et 70 000 euros de dommages et intérêts pour «soumission à un travail forcé» et «conditions de travail et d’hébergement contraires à la dignité» par le tribunal correctionnel de Nanterre (Hauts-de-Seine).

“Réduit en esclavage”

Méthode S., cultivateur burundais, avait raconté à l’audience comment il avait été «réduit en esclavage» entre 2008 et 2018 dans la maison du couple, à Ville-d’Avray, à quelques kilomètres au sud-ouest de Paris.

Pendant 19 heures chaque jour, il faisait la lessive, le repassage, la cuisine, le ménage, le jardinage et prenait soin d’un des fils du couple souffrant de handicap, avait-il narré. Couchant près d’une chaudière au sous-sol, il se lavait «au robinet avec un seau». L’homme «amaigri et manifestement apeuré» qu’ont découvert les inspecteurs du travail a indiqué vivre loin de sa famille, ses employeurs lui ayant confisqué son passeport.

Une version contestée par l’ex-ministre Gabriel Mpozagara : «Méthode vivait dans les mêmes conditions que nous», avait-il rétorqué, niant avoir pris son passeport.

Mercredi, le couple sera de nouveau jugé, notamment pour «traite d’être humain», une infraction passible de sept ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.

Méthode S vit actuellement «sans ressources» avec sa famille qui a obtenu l’asile «en raison de menaces très sérieuses» ayant pesé contre elle suite au procès, a indiqué l’avocat. Une procédure prud’homale visant à réclamer les salaires dus est également engagée alors que Methode S. a perçu 5 000 euros sur dix ans selon son conseil.

En 2013, le Parlement français a introduit dans le Code pénal le travail forcé, la réduction en servitude et la réduction en esclavage.

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