Procès à Reims : “un esclavagisme des temps modernes”, dans le milieu du champagne. (02/07/2020)

C’est un procès fleuve qui a démarré ce mercredi 1 juillet à Reims. En cause, 6 personnes et 3 sociétés accusées d’avoir fait travailler dans des conditions indignes une centaine de travailleurs viticoles.

Fixe, le couple est resté presque immobile toute la journée au milieu de la salle d’audience. Lui ne dit rien, reste mutique, écoute l’interprète. Elle, se défend à voix basse, sans détourner son regard des juges. Pendant toute la journée, elle défendra sa position : le couple ne savait rien, n’a rien vu, n’a pas compris, n’est pas responsable.

Les deux mariés, comparaissent devant le tribunal de Reims pendant trois jours à partir du mercredi 1 juillet, pour avoir fait travailler plus d’une centaine d’ouvriers viticoles dans des conditions de vie et de travail jugé insoutenables.

Contrats de travail, rémunérations, transports… À chaque question du président, la dirigeante de société Rajviti pointe les mêmes coupables : « Les chefs d’équipes ». Ce serait eux, les responsables des conditions de travail misérables des vendangeurs. Ils constitueraient la clef de voûte d’un système étendu d’acheminement des travailleurs précaires.

Pour ramener cette main d’œuvre, ce sont des dizaines de trajets qui ont été effectués à de nombreux points de rendez-vous. Parfois à Amiens, parfois à Meaux. Plus souvent à Paris autour du quartier de la Goutte d’Or ou de la Porte de la Chapelle. L’une des victimes raconte : « On m’a dit d’attendre près d’un parc près de la gare de l’Est, on m’a dit que j’aurais un emploi. »

Des promesses d’embauches, qui serait le résultat du bouche-à-oreille d’anciens travailleurs viticoles, jure la prévenue. « Un hasard », ironise le président, alors qu’il décrit des vendangeurs attendant tous ensemble sur le parking d’un Leclerc à Bar-sur-Aube, avant d’être emmenés en voiture.

Les victimes l’assurent, ils auraient tous reçus les mêmes consignes et les mêmes promesses d’emploi, parfois d’un mois. « Vous leur promettez un mois de travail, alors que la vendange ne dure que de 6 à 12 jours. Vous le saviez non, qu’il ne resterait pas un mois ? » lance le président du tribunal. « Oui, je l’ai dit aux chefs d’équipes, ce n’est pas de ma faute s’ils n’ont pas transmis les bonnes informations » réplique-t-elle. 

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Reportage télévisé disponible en rediffusion sur France 3 Région Grand Est.