A l’occasion du déplacement d’Emmanuel Macron à Nouakchott pour le sommet de l’Union africaine, le mouvement anti-esclavagiste mauritanien interpelle le chef de l’Etat français sur la question de la traite d’êtres humains dans son pays. Il rappelle qu’en Mauritanie «l’esclavage, le racisme anti-noir et l’extrémisme religieux constituent les facettes d’une même oppression».
C’est par une lettre ouverte que le mouvement anti-esclavagiste mauritanien (IRA) s’est adressé au président Emmanuel Macron. Le chef de l’Etat français doit rencontrer le 2 juillet à Nouakchot les dirigeants africains réunis pour le 31e sommet de l’Union africaine. Un tête-à-tête est également prévu avec son homologue mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz.
«Vous allez rencontrer un homme d’Etat, témoin d’une tentative d’épuration ethnique contre les autochtones noirs, de 1986 à 1991», écrit le chef du mouvement abolitionniste mauritanien, Biram Obeid.
Et de rappeler que cette épuration visait l’anéantissement, sinon l’expulsion, des ethnies d’ascendance africaine, tels que les Wolofs, les Bambaras et les Soninkés de Mauritanie.
«L’opération s’est soldée par des dizaines de milliers de déportés et d’exilés, des pogroms, la banalisation de la torture, des assassinats collectifs, des spoliations de bétail et de terre», peut-on lire dans cette lettre ouverte.
«Vendus, mutilés et confinés au travail indécent»
La Mauritanie, affirme-t-il, reste gangrenée par le fanatisme et la discrimination raciale qui a transformé des millions de ses citoyens, les Haratines, en véritables parias.
«Sous prétexte de la race, ils étaient, et sont parfois de nos jours, vendus, mutilés et confinés au travail indécent, ou offerts en cadeau. Le code noir de chez nous règlementait même le détail du viol et du cuissage sur les femmes, parfois mineures», précise-t-il.
Le chef du mouvement abolitionniste mauritanien rappelle qu’il a été lui-même emprisonné à maintes reprises, relégué dans le désert et désigné à la vindicte pour avoir proclamé le droit universel à vivre librement sur la terre de ses ancêtres.
Des pratiques qui n’ont pas totalement disparues dans le pays qui accueille le président Emmanuel Macron, affirme-t-il.
L’esclavage et l’extrémisme religieux, même oppression
Officiellement, le président français doit évoquer avec les dirigeants africains des questions relatives à la lutte contre les groupes islamistes radicaux et le terrorisme qui sévit dans la région du Sahel.
«L’esclavage, le racisme anti-noir et l’extrémisme religieux constituent, en Mauritanie, les facettes d’une même oppression», écrit Biram Obeid.
Il explique au président Emmanuel Macron les dégâts causés par les écoles islamiques qui se sont multipliées dans son pays.
«Des écoles de savoir islamique où l’Etat n’exerce aucun contrôle ont été transformées en des centres de radicalisation où des milliers de jeunes apprennent la haine de l’autre, l’infériorité de la femme et le devoir d’abolir les libertés de conscience et la diversité culturelle», déplore le leader du mouvement anti-esclavagiste mauritanien.
«Au nom du Monde libre et de votre grand pays, de grâce, ne cautionnez pas la dérive qui dévaste mon pays», conclut-t-il, dans sa lettre ouverte adressée au chef de l’Etat français.
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