Logée dans une cave, elle échappait rarement aux coups de balai et aux brûlures. Pendant quatre ans, Chantal Nsamirizi, Tutsi née au Burundi, a été, avec sa sœur, l’esclave de sa tante et de son oncle. Mais, le 11 octobre dernier, la Cour Européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a condamné la France pour ne pas avoir mis en place « un cadre législatif et administratif permettant de lutter efficacement contre la servitude et le travail forcé », explique « Le Monde ». L’Etat doit par ailleurs verser 30 000 euros à la Burundaise aujourd’hui âgé de 34 ans.
Tout commence en 1993. Alors que Chantal, 15 ans, habite avec ses parents qui possèdent quelques terres au Burundi, elle est contactée par sa tante Candide, mariée à un diplomate de l’Unesco. Elle propose à la jeune fille de venir travailler pour elle à Ville d’Avray (Hauts-de-Seine) où elle réside. L’adolescente débarque alors en France avec une de ses jeunes sœurs. Elles se préparent à être les nouvelles femmes de ménage du couple. Mais, très vite, c’est le calvaire.
Plaies purulentes
Alors que les parents des deux jeune filles viennent d’être assassinés lors du conflit ethnique qui secoue son pays (En 1994, les Hutus déciment des centaines de milliers de Tutsis), sa tante leur annonce : « Sachez que vous n’avez plus de parents, c’est fini ». Les deux adolescentes sont alors logées dans une cave sans chauffage ni fenêtre et ne se lavent qu’au seau d’eau au-dessus de toilettes à la turque, précise « Le Monde ». Elles reçoivent régulièrement des coups de balai lorsqu’elles s’endorment alors que leurs « maîtres » sont toujours éveillés. Chantal commence à voir apparaître des boutons qu’elle ne peut pas soigner et qui se transforment en plaies purulentes.
Renvoyées au Burundi pour se faire « déchiqueter »
Alors que sa jeune sœur se rend, à pied et le ventre vide, au collège situé à cinq kilomètres du domicile, Chantal reste à la maison pour s’occuper des tâches ménagères ingrates et affiche sur les bras des traces du fer à repasser brûlant que lui jette régulièrement sa tante. Si parfois elles imaginent s’enfuir, elles n’osent pas franchir le pas. Leur tante les menace de les renvoyer au Burundi où, selon elle, elles se feront « déchiqueter ».
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