EXCLUSIF. Ville-d’Avray : l’ancien ministre du Burundi, soupçonné d’« esclavage moderne » (05/08/2018)

Cet ancien dignitaire burundais, âgé de 77 ans, également ex-ambassadeur auprès de l’Unesco, est suspecté d’avoir réduit en esclavage un homme qui vivait chez lui depuis dix ans.


Les faits ont été dénoncés, à la mi-juillet, par l’employé d’une société chargée de travaux au sein du domicile d’un habitant de Ville-d’Avray (Hauts-de-Seine). Alertée par son salarié, la responsable de l’entreprise a aussitôt contacté le commissariat de Sèvres avant de relater ce qu’il avait découvert. Selon nos informations, ce dernier constate qu’un homme, qui présentait « des signes extérieurs de mauvais traitements », dormait sur un lit coincé entre une chaudière et du linge à sécher dans le sous-sol de l’habitation de cet ancien procureur général, ministre de la Justice puis de l’Économie au Burundi dans les années 1970. L’employé, intervenu pour un problème d’huisserie, confie également à son employeur qu’il a vu un adulte handicapé, enfermé dans une chambre dans des « conditions d’hygiène douteuses ». Rapidement identifié, le propriétaire des lieux, Gabriel M., 77 ans, est loin d’être un inconnu pour les policiers du secteur et le parquet de Nanterre. L’ancien ministre et diplomate avait déjà été poursuivi pour des faits identiques en 1998.
Déjà condamné puis relaxé par la justice pour le même type de faits

À l’époque, ce sont deux sœurs orphelines et nièces des époux Gabriel et Candide M., âgée de 72 ans, qui avaient connu le même sort pendant quatre ans. En 2007, les juges du tribunal correctionnel de Nanterre avaient condamné Gabriel M. à un an de prison avec sursis et 10 000 euros d’amende pour des faits de « soumission d’une personne vulnérable à des conditions d’hébergement et de travail incompatibles avec la dignité humaine ». En 2009, la cour d’appel de Versailles (Yvelines) l’avait finalement relaxé pour ne retenir que des faits de violences aggravées imputés à son épouse. Mais la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) Strasbourg avait finalement condamné la France, en octobre 2012, considérant que l’État français était en violation avec l’article 4 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui précise que « nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude ». L’État avait dû verser 30 000 euros à l’une des nièces du

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