Angèle, âgée de 40 ans, narre son histoire de victime d’un de ces trafics qui prospèrent en cette Tunisie à la « transition démocratique » grevée d’ambivalences. Il y a huit mois, elle avait décollé d’Abidjan, des rêves plein la tête. Orpheline, aînée d’une fratrie de huit enfants – toutes des filles – survivant péniblement, elle avait tant espéré de cet emploi de domestique que lui offrait une famille tunisienne.
Les choses semblaient si simples. Une escapade à l’étranger et un précieux revenu pour soulager les sœurs, restées au pays. Comment aurait-elle pu subodorer le piège ? Le « marché » des femmes de ménage d’Afrique subsaharienne travaillant dans les familles aisées de Tunisie relève d’un véritable régime de traite, ainsi qu’a fini par le reconnaître la loi tunisienne elle-même. En juillet, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, à Tunis, une loi très attendue sur la « répression » de la « traite des personnes ».