L’esclavage moderne touche 46 millions de personnes dans le monde (31/05/2016)

Les deux tiers de ces victimes de prostitution, de travail forcé ou de trafics se trouvent en Asie, selon le rapport « 2016 Global Slavery Index » publié le mardi 31 mai 2016, mais la France est elle-même concernée.



Trafic de personnes, prostitution forcée, enfants soldats, travail forcé, utilisation des enfants dans le commerce international de stupéfiants… L’esclavage moderne est beaucoup plus répandu que ce l’on pensait auparavant.

L’organisation de défense des droits de l’Homme Walk Free pointe du doigt des chiffres alarmants dans son rapport « 2016 Global Slavery Index » publié ce mardi. Selon elle, près de 46 millions de personnes dans le monde sont réduites à une forme moderne d’esclavage. Ces personnes sont confrontées à des situations d’exploitation auxquelles elles ne peuvent échapper en raison de menaces, violences ou d’abus de pouvoir.

Le rapport avance un chiffre de personnes concernées en hausse de 28 % par rapport à il y a deux ans . Toutefois, cela traduit vraisemblablement une amélioration de la collecte de données et des méthodes de recherche, plus qu’une aggravation d’un problème difficile à quantifier.
Cinq pays d’Asie dans le viseur

Cette nouvelle étude de Walk Free, initiative lancée en 2012 par le magnat australien de la mine Andrew Forest, se base sur 42.000 entretiens conduits dans 167 pays.

Elle souligne que près de 60 % des victimes d’esclavage moderne du monde se trouvent en Asie. Dans cinq pays plus précisément. L’Inde est celui qui en compte le plus (18,35 millions), puis viennent la Chine (3,39 millions), le Pakistan (2,13 millions), le Bangladesh (1,53 million) et l’Ouzbékistan (1,23 million).

Plusieurs de ces pays fournissent la main d’oeuvre bon marché qui produit les biens de consommations pour l’Europe occidentale, le Japon, l’Amérique du Nord et l’Australie, souligne le rapport.

PLUSIEURS FORMES D’ESCLAVAGE EN INDE

Le pays, qui compte 1,3 milliard d’habitants, est confronté à diverses formes contemporaines d’esclavage. Le rapport de Walk Free met en avant le travail forcé, le travail des enfants, la prostitution, la mendicité forcée ainsi que les mariages forcés. Plus de la moitié des Indiennes se marient avant l’âge de 18 ans, souligne l’étude.

Les industries pointées du doigt sont l’industrie du sexe, le domaine de la construction, l’agriculture ou encore la pêche.

La Corée du Nord, seule nation au monde qui n’ait pas explicitement criminalisé les formes contemporaines d’esclavage, est le pays qui enregistre la part d’esclaves modernes la plus importante par rapport à sa population totale : 4,3 % des Nord-Coréens seraient concernés. Il est suivi par l’Ouzbékistan (3,9 %), le Cambodge (1,6 %), l’Inde (1,4 %) et le Qatar (1,3 %).

UNE REALITE EN FRANCE AUSSI

Walk Free dénombre 12.000 personnes victimes d’une forme moderne d’esclavage en France.

En mars dernier, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) estimait dans un rapport que le pays ne consacrait pas assez de moyens à la lutte contre la traite et l’exploitation des êtres humains. « Dans notre pays, des mineurs, des femmes et des hommes sont contraints de se prostituer, des jeunes filles sont réduites en esclavage domestique, des personnes vulnérables souvent en raison d’un handicap se trouvent en situation de travail forcé, des enfants sont contraints à la mendicité et à la délinquance », écrivait-elle.

 

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