Ce grand commis de la République fut aussi un syndicaliste convaincu et porta haut et fort les valeurs du monde associatif. Hubert Prévot a été le premier président du Centre Primo Levi (1995-2008) qui soigne et accompagne les victimes de torture et de la violence politique. En 1999, il devenait le premier président de la CPCA, la Commission permanente des coordinations associatives, qui regroupe aujourd’hui plus de 600 000 associations. Puis, en 2005, il prenait la présidence du CCEM se plaçant, comme toujours, au côté des plus humbles et des plus démunis.
Le quotidien Le Monde lui a consacré le 18 juillet un long article reprenant les grandes étapes de sa vie politique et syndicale, sous la plume de Michel Noblecourt que nous reproduisons :
Ancien commissaire général au Plan, Hubert Prévot est mort durant son sommeil, vendredi 10 juillet, dans une maison de retraite à Thiverval-Grignon (Yvelines), à l’âge de 86 ans.
Issu d’une bourgeoisie aisée et catholique − son père était inspecteur général de la Banque de France −, Hubert Prévot naît le 2 octobre 1928 à Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine). Lycéen à Janson-de-Sailly, il s’engage dans le scoutisme, avec le totem de « Bison penseur », et organise des chantiers de réparation de taudis dans l’île Saint-Denis. « J’ai vraiment vu, confiera-t-il, la misère des personnes âgées vivant dans des greniers, des immigrés aussi. » Cette découverte de la souffrance sociale sera son fil rouge.
Licencié en droit, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris, Hubert Prévot donne des cours du soir à des syndicalistes et fait la connaissance d’Edmond Maire, futur patron de la CFDT. En 1956, il intégre l’ENA. Durant son service militaire, où il se retrouve par erreur au nettoyage des cuisines, il rencontre Michel Rocard sur une base militaire à Caen. De là naîtra, au-delà des affinités politiques, une longue amitié. Affecté comme administrateur civil au ministère des finances, il est détaché, de février 1959 à avril 1960, au cabinet du délégué général du gouvernement en Algérie. A son retour, il entre au ministère des finances, à la direction du personnel puis à celle du Trésor. Le brillant technocrate se révèle et gravit les échelons jusqu’à devenir, en avril 1971, chef de la division des opérations financières à la direction de la prévision.
Hubert Prévot est austère, sérieux, rigoureux. Il ne cherche pas les feux de la rampe et se tient plutôt dans l’ombre. Mais son masque de technocrate dissimule un homme sympathique, non dépourvu d’humour et doté d’une sensibilité à fleur de peau. Militant du « social », il rejoint au PSU, dès 1967, son ami Rocard − avec lequel il a acheté un bateau pour naviguer en Bretagne. Jusqu’en 1971, il appartient à la direction nationale du PSU, avant de se rapprocher du Parti socialiste. Candidat du PSU aux élections législatives en 1968 à Boulogne-Billancourt, il récolte 6 %. Avec Michel Rocard, il partage le même pseudonyme, Jacques Malterre, pour signer, sans faillir au devoir de réserve des hauts fonctionnaires, des articles dans France Observateur.
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