Amnesty International a qualifié jeudi d'”esclavage moderne” les conditions dans lesquelles vivent et travaillent des milliers d’Indonésiennes employées comme domestiques à Hong Kong, accusant le gouvernement de passivité “inexcusable”.
Les jeunes femmes sont exploitées par des agences de recrutement et de placement qui leur font miroiter des salaires élevés, affirme l’organisation de défense des droits de l’Homme dans un rapport publié à Hong Kong.
En réalité, les jeunes femmes se voient confisquer leurs papiers d’identité et soutirer des sommes extravagantes par ces mêmes agences pour des conditions de travail indignes, selon Amnesty.
“Dès l’instant où les femmes acceptent de signer pour aller travailler à Hong Kong, elles sont pris au piège d’un cycle d’exploitation qui, dans certains cas, s’apparente à de l’esclavage moderne“, a dénoncé Norma Kang Muico, spécialiste des droits des migrants d’Asie-Pacifique à Amnesty.
Le rapport accuse l’Indonésie et Hong Kong de passivité dans ce dossier. “Les autorités se prévalent d’une batterie de lois nationales censées protéger ces femmes mais ces lois sont rarement appliquées“, souligne Mme Muico.
Dans un communiqué, le ministère du Travail de Hong Kong indique “être déterminé à protéger les droits” des domestiques indonésiennes. “Tout abus pouvant être prouvé sera poursuivi en justice“, ajoute-t-il.
Près de 300.000 domestiques étrangères travaillent à Hong Kong, dont l’immense majorité sont originaires d’Asie du Sud-Est, principalement des Philippines et d’Indonésie.
Le rapport d’Amnesty, selon lequel deux-tiers des employées domestiques ont subi des violences psychologiques ou physiques, comprend des témoignages accablants.
“elle a donné l’ordre à ses chiens de me mordre”
“La femme me maltraitait physiquement à intervalles réguliers. Une fois, elle a donné l’ordre à ses deux chiens de me mordre“, a relaté une jeune femme de 26 ans venue de Jakarta.
“J’ai été mordue une dizaine de fois. Elle a enregistré la scène sur son téléphone portable et elle la regardait sans cesse, en riant“.
Une interviewée sur trois n’est pas autorisée à quitter la maison de son employeur. Nombreuses sont celles qui font état de violences physiques et sexuelles, affirment souffrir de la faim, de longues journées de travail –17 heures par jour en moyenne– et de salaires misérables.
Pour Eman Villanueva, porte-parole de l’Asian Migrant Coordinating Body, une association de défense des droits des travailleurs migrants, les autorités de Hong Kong “promeuvent l’exclusion sociale” en traitant les employées domestiques comme des “biens jetables”.
Fin septembre, un couple hongkongais a été condamné à plus de cinq et trois ans d’emprisonnement pour avoir fait vivre un véritable enfer à sa domestique indonésienne, brûlée au fer à repasser, ou battue à l’aide d’une chaîne de vélo.
Amnesty a interrogé 97 domestiques indonésiennes et croisé ses conclusions avec une enquête de l’Union des travailleurs migrants d’Indonésie auprès de 1.000 femmes.
Comparé à d’autres pays d’Asie du sud, Hong Kong offre une relative garantie des droits des domestiques: elles ont un jour de congé par semaine, des vacances, un salaire minimum garanti (387 euros par mois, plus le gîte et le couvert), et des congés maladie.
Leur séjour est cependant conditionné à leur emploi: à expiration d’un contrat, elles sont renvoyées chez elles si elles ne trouvent pas de nouvel emploi, ce qui peut décourager les plus vulnérables de porter plainte en cas d’abus de leurs employeurs.
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