Il est reproché à huit princesses d’Abou Dhabi et leur majordome d’avoir réduit à l’esclavage une vingtaine de domestiques dans un hôtel de luxe de Bruxelles.
La chambre des mises en accusation de la justice de Bruxelles a, jeudi 22 novembre, renvoyé jeudi huit princesses d’Abou Dhabi et leur majordome devant un tribunal correctionnel. Il leur est reproché d’avoir réduit à l’esclavage une vingtaine de domestiques dans un hôtel de luxe de la capitale belge.
” L’affaire des princesses du Conrad “ avait beaucoup ému l’opinion. En juillet 2008, la police et les services sociaux avaient trouvé 17 jeunes femmes en séjour irrégulier séquestrées, privées de leur passeport et de téléphone, ainsi que contacts avec l’extérieur. Elles étaient surveillées par des gardes armées. Au total, 28 jeunes femmes étaient exploitées, originaires du Maghreb, du Soudan, d’Irak et d’Indonésie, et gagnant entre 150 et 500 euros par mois, avec à charge pour elles de se soigner et de s’habiller.
PRESSIONS DE LA PART DE MILIEUX DIPLOMATIQUES
Les domestiques étaient soumises à l’autorité de la famille Al-Nayhan, dirigée par la veuve d’un émir d’Abou Dhabi et mère de plusieurs princesses, dont l’une traitée médicalement en Belgique en vue d’une grossesse. La famille avait loué un étage complet de l’hôtel Conrad, un 5 étoiles de l’Avenue Louise. Soit cinquante-trois chambres et suites au total, dont la plupart n’étaient pas occupées, alors que les domestiques devaient patienter et dormir dans les couloirs pour être, jour et nuit, au service des princesses.
C’est une cuisinière marocaine qui a révélé l’affaire. Certaines de ses compagnes ont préféré retourner à Abou Dhabi, d’autres sont restées au service de la famille princière. Onze d’entre elles ont déposé plainte et quelques-unes ont sollicité le statut de victimes auprès des autorités belges. Elles et l’association qui les protégeaient ont fait l’objet de diverses pressions de la part de milieux diplomatiques.
Le dossier judiciaire a subi de nombreux retards et débouchera sans doute sur un jugement par contumace. La famille princière pourrait, avant cela, se pourvoir en cassation.
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