Bien trop souvent on entend parler de cas d’exploitation par le travail d’ouvriers au Qatar, notamment lors des chantiers du Mondial 2022. Pour rappel, depuis 2019, l’entreprise chargée des travaux, Vinci, est visée par plusieurs plaintes d’ONG, dont Sherpa et le Comité Contre l’Esclavage Moderne (CCEM) et d’ex-employés d’origine étrangère. En effet, les ex-employés accusent l’entreprise et sa filiale Qatari Diar Vinci Construction de « réduction en servitude, traite des êtres humains, travail incompatible avec la dignité humaine, mise en danger délibérée, blessures involontaires et recel » . Ainsi, les employés, dont les passeports étaient confisqués, travaillaient entre 66 et 77 heures par semaine.
Le récent rapport de l’organisation Human Rights Watch dénonce l’insuffisante protection des travailleurs au Qatar, malgré les réformes promisent par le gouvernement qatari. Par ailleurs, le rapport souligne que les travailleurs migrants représentent 95% de la main-d’oeuvre du Qatar, par conséquent leur importance dans le fonctionnement de l’économie qatari n’est pas contestable. Le pays dépend ainsi en grande partie de cette main-d’oeuvre. Beaucoup font face à des abus salariaux qui concernent plusieurs secteurs de l’économie qatari, et divers professions notamment les agents de sécurités, serveurs de restaurants, ou encore les ouvriers du bâtiment. Ainsi, beaucoup se retrouvent coincés dans un système d’endettement qui les contraint à rester dans un emploi indigne.
Human Rights Watch met en lumière que les promesses faites par le gouvernement qatari n’ont pas été tenues, notamment celle de faire en sorte que les travailleurs perçoivent l’intégralité de leurs salaires de manière ponctuelle. Ainsi, malgré quelques réformes, les abus et les pratiques illégales demeurent chez la plupart des employeurs et entreprises au Qatar. A l’époque en 2017, le gouvernment avait promis auprès de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) qu’il abolirait le système de kafala qui lie les travailleurs migrants à leurs employeurs.
Lire le rapport en intégralité “How can we work without wages?” : Salary Abuses Facing Migrant Workers Ahead of Qatar’s FIFA World Cup 2022.