Salariés agricoles logés dans des “taudis”, emploi de sans-papiers: près de 200 enquêtes pour travail illégal et traite d’êtres humains ont été ouvertes en France après des contrôles menés mi-septembre par la gendarmerie dans le cadre d’une vaste opération européenne.
La gendarmerie a mené des centaines de contrôles -861 au total- du 14 au 20 septembre dans plusieurs départements, dont les Bouches-du-Rhône, la Marne, la Haute-Garonne ou en Outre-Mer, pour traquer le travail illégal ou l’exploitation par le travail et la traite d’êtres humains.
Ces opérations ont eu lieu dans le cadre d’une vaste opération européenne, la Joint Action days (JAD), qui a mobilisé 24 pays avec l’appui de l’agence européenne de police Europol.
450 personnes ont été identifiées comme victimes
Les gendarmes ont ciblé dans leurs contrôles “des secteurs d’activités ayant recours à une main-d’oeuvre fragile”. Sur les 190 enquêtes ouvertes, 174 procédures relèvent du “travail illégal” et 16 d'”exploitation grave par le travail pouvant relever de la qualification pénale de traite des êtres humains”, a ajouté la gendarmerie. 450 personnes ont été identifiées comme victimes.
Parmi elles, des salariés d’exploitations agricoles logés dans des “taudis” et couchant parfois à même le sol, dans des bâtiments sans sanitaires ou sans fenêtres, a détaillé auprès de l’AFP le colonel Thuriès, commandant de l’Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLTI), chargé de l’opération. Mais aussi des chauffeurs routiers conduisant sans respecter les pauses réglementaires, ou des étrangers employés “sans titre de travail ou en situation irrégulière”.
La traite d’êtres humains, 3ème forme de trafic la plus rémunératrice
La traite des êtres humains “est la troisième forme de trafic la plus rémunératrice après le trafic de stupéfiants et le trafic d’armes”, a rappelé la gendarmerie. “Elle rapporterait au niveau mondial 32 milliards de dollars par an”. “L’exploitation sexuelle est la forme de traite la plus développée” en France, mais “l’exploitation par le travail, peu repérée car souvent méconnue, en raison de la clandestinité du phénomène qui opère dans la sphère professionnelle ou privée, est une réalité”, a souligné la gendarmerie.