Rapporteur spécial sur les formes contemporaines d’esclavage, M. Tomoya Obokata, met en lumière l’impact du coronavirus sur l’exploitation par le travail. (21/09/2020)

Le Rapporteur spécial des Nations Unies, M. Tomoya Obokata, a émis le 4 août un rapport sur l’impact de la crise sanitaire liée au coronavirus sur les formes d’esclavage moderne et les pratiques analogue à l’esclavage. Dans son rapport, il souligne que cette crise a eu et continuera à avoir dans les années à venir, un impact négatif sur la lutte contre les différentes formes d’esclavage moderne tels que la traite des êtres humains et le travail forcé.

Ainsi, ce rapport reflète les constats et recommandations du CCEM déjà exprimés début avril dans une déclaration commune avec la Plateforme La Strada International , un groupement de 25 ONG européennes spécialisées, dont le CCEM est membre, dans la lutte contre la traite des êtres humains. En effet, le groupe avait alerté dès avril sur l’impact négatif de cette crise sanitaire et le risque d’exposition accrue à l’exploitation et aux abus.

Dans les conséquences de la crise sanitaire mentionnées figure : la perte d’emploi, le manque d’accès aux soins de santé et l’augmentation de la demande de certains biens tels que les gants ou les masques et le risque d’exploitation dans ces secteurs de métiers, la réduction des services des organismes et associations d’aides aux victimes et la défaillance des mécanismes de surveillance pendant la crise. De plus, le rapport insiste sur les répercussions socio-économiques de cette crise, en effet, une nouvelle aggravation de la précarité des victimes et des personnes risquant de subir ces formes d’esclavage moderne est à craindre.

Par ailleurs, il est souligné que ces risques sont fortement accrues pour les personnes vulnérables tels que les réfugiés, travailleurs migrants et autre groupe vulnérable. Parmi les recommandations faites aux États afin d’atténuer les répercussions de cette crise sanitaire :

  • veiller à l’accès à la justice et aux voies de recours
  • assurer le soutien accru aux organisations de la société civile qui fournissent une aide aux victimes d’esclavage moderne et aux survivants du COVID-19.
  • fournir un soutien financier ou un allègement des dettes aux personnes victimes ou exposées au risque d’exploitation; les groupes vulnérables ayant déjà été identifiés par certains associations*
  • assurer la prise en charge des migrants sans papiers, sans qu’ils ne risquent l’expulsion pour avoir tenter de se soigner.
  • renforcer les inspections du travail et veiller à l’application des législations du travail notamment au moyen de l’auto-évaluation afin de défendre les droits des travailleurs et d’empêcher les entreprises et les employeurs d’exploiter leurs salariés.
  • intensifier leurs efforts pour prévenir toutes les formes d’esclavage et en identifier et protéger les victimes, notamment par l’élaboration de plan d’action nationaux.
  • garantir l’accès au dépistage et la gratuité des soins en cas de test positif, pour toute personnes victimes des différentes formes d’esclavage moderne.

*Les groupes à risques ont été identifié dans ce rapport comme : les femmes, les enfants et les jeunes travailleurs migrants, les groupes minoritaires, les réfugiés et les demandeurs d’asile, … ainsi que les personnes employées dans l’économie informelle ou les travailleurs saisonniers et temporaires.

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