Encouragés par l’État, au profit des classes aisées, les services à la personne sont certes réglementés, mais les droits des travailleurs restent difficiles à garantir.
On les pensait révolus au siècle dernier. Mais les emplois domestiques en France ne se sont pas tant éclipsés que transformés. Exit l’antique domesticité qui vivait chez ses maîtres, on ne dit plus « employés de maison », mais « employés des services à la personne ».
L’esclavage domestique, toujours d’actualité
Elles travaillent sans compter leurs heures, sans être payées, dorment sur le sol de la cuisine ; leurs papiers d’identité ont été confisqués ; elles sont privées de liberté, isolées, menacées, violentées… En vingt ans, le Comité contre l’esclavage moderne a accompagné plus de 700 victimes d’esclavage domestique jusqu’au procès. « Chaque année, nous prenons en charge une quarantaine de nouveaux cas », explique Sylvie O’Dy, présidente de l’organisation. Les victimes ? Des femmes, parfois des enfants, des étrangères en situation de vulnérabilité. Les exploiteurs, eux, n’ont pas de profil type. « Il y a un certain nombre de gens riches, mais la classe moyenne est bien représentée aussi, note Sylvie O’Dy. Ce n’est ni une question de milieu social ni une affaire d’éducation, mais une capacité à considérer un être humain comme un objet… » Depuis l’introduction de l’esclavage dans le code pénal en 2013 (passible de quinze à vingt ans de prison), la France dispose d’un « bon arsenal juridique », estime la militante. Le problème reste la détection d’un crime qui se déroule à huis clos. « Les victimes sont signalées par des personnes extérieures qui s’inquiètent de leur comportement, quand elles vont faire les courses par exemple »,raconte Sylvie O’Dy, qui appelle tout un chacun à ouvrir l’œil.Formalisé par de nouvelles politiques publiques au début des années 1990, le secteur n’a cessé de croître depuis. Ménage, garde d’enfants, jardinage, préparation de repas, soutien aux personnes âgées ou handicapées…
En France, plus d’un million de personnes travaillent au domicile d’environ 3,5 millions d’employeurs, dans un secteur qui représente aujourd’hui près de 5 % de l’emploi total.
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