Ces Philippines esclaves dans le Golfe (26/12/2018)

Exploitées, battues, violées, assassinées parfois, les domestiques vivent l’enfer en Arabie saoudite et au Koweït… Au point que le gouvernement philippin organise leur rapatriement. Rencontre avec des rescapées.


On dirait un pensionnat de jeunes filles, un jour de vacances. Une cacophonie joyeuse domine ce dortoir de Manille, rangées de lits superposés aux couvertures défaites, devenu le refuge de centaines de Philippines de retour au pays natal. Les vêtements multicolores suspendus laissent entrevoir des chevelures, enfouies dans le sommeil. Tout autour, on mange, on téléphone, on papote, on rit beaucoup, même. La voix compassée de Mrs Erum, responsable de l’accueil des rapatriées au sein de l’ OWWA(Overseas Workers Welfare Administration, sous tutelle du ministère du Travail, en charge de la santé des travailleurs expatriés), suffit à moucher ce vacarme. Lorsqu’elle invite les jeunes femmes à parler des sévices qu’elles ont subis dans ces pays du Golfe, le groupe plonge dans un autre monde, insondable. Encouragée à témoigner par ses camarades, une silhouette gracile, tapie derrière un voile ocre, se lève comme un fantôme. Elle plante son regard de Boticelli vers nous, interrogateur. Calista est arrivée la veille à Manille, avec 88 autres femmes, via un programme de rapatriement d’urgence des domestiques « en détresse » travaillant au Koweït, mis en place en février dernier.

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