Grâce à la complicité des personnels d’hôtels parisiens, des travailleuses domestiques ont pu se soustraire à leurs exploiteurs émiratis et saoudiens. Elles ont fini par être embauchées légalement par ces établissements.
Au septième étage d’un discret immeuble de l’Ouest parisien, l’appartement est exigu mais lumineux, sobrement aménagé : quelques meubles blancs, un lit, une table, un berceau. Aux murs, des icônes orthodoxes : la Trinité, la Cène. Zoya (1), tout sourires, tient dans ses bras son fils de deux mois et demi qu’elle allaite. Elle savoure ici la vie de liberté dont elle avait rêvé. Cette Éthiopienne d’une trentaine d’années, originaire d’une zone rurale très pauvre de la région Amhara, est une rescapée. En 2011, à 20 ans, pour aider ses parents, elle s’était fait engager comme travailleuse domestique à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, dans une famille de dix personnes, dont huit enfants.
Pendant trois mois, les siens ont bien reçu son maigre salaire transféré au pays. Et puis plus rien : « Je n’ai jamais vu la couleur de l’argent que j’étais censée percevoir », assure-t-elle. La charge de travail, elle, devenait insupportable, et puis il y avait les injures, les coups, les humiliations ; tous la maltraitaient, adultes comme enfants. « S’ils avaient besoin d’un objet se trouvant à 50 centimètres d’eux, ils m’appelaient. Ils me traitaient comme une esclave. Ils m’insultaient toute la journée, j’écoutais, je ne disais rien. Je faisais le ménage, le repassage, je m’occupais des enfants, je faisais des massages à la maîtresse de maison. Je dormais deux heures par nuit », raconte-t-elle.
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