La cour d’appel de Versailles a condamné l’ex-dignitaire et son épouse à deux ans de prison avec sursis pour avoir exploité un de leurs compatriotes.
Peine confirmée pour le couple Mpozagara. Jugé le 17 février dernier par la cour d’appel de Versailles pour « traite d’être humain », « travail dissimulé » et « aide à l’entrée et au séjour irréguliers », l’ancien ministre de la Justice burundais et son épouse ont été condamnés, ce vendredi, à deux ans de prison avec sursis. Ils devront en outre verser 70 000 € de dommages et intérêts à leur ex-subordonné. Un jugement qui confirme celui rendu en première instance, le 21 octobre 2019, par le tribunal correctionnel de Nanterre.
Comme ceux de Nanterre, les magistrats de Versailles ont donc estimé que Gabriel Mpozagara, 79 ans, et son épouse, Candide, avaient bel et bien exploité, pendant plusieurs années, un de leur compatriote dans leur villa cossue de Ville-d’Avray. L’homme de 41 ans, Méthode S., était arrivé du Burundi dans les valises du couple, en 2008, avec un visa de trois mois avec la mission de s’occuper de Christian, leur fils handicapé.
Nuits à la cave, passeport confisqué
Mais très vite, l’homme s’était retrouvé dans le costume de l’homme à tout faire. À la barre, il avait décrit des semaines de labeur sans le moindre jour de congé, des journées à rallonge passées à nettoyer la maison, entretenir le jardin, préparer les repas. Il avait aussi raconté la confiscation de son passeport dès le lendemain de son arrivée en France ou encore ses nuits sordides passées à la cave, au pied d’une chaudière d’où s’échappait une intenable odeur de fioul. Quand son calvaire s’est achevé en 2018, après avoir été aperçu apeuré et amaigri, dans le jardin de la propriété, par un employé de chez Lapeyre, Méthode ne pesait plus que 44 kg.
Ce récit glaçant, les époux Mpozagara l’ont toujours fermement contesté. À Nanterre comme à Versailles, le couple a expliqué considérer Méthode comme « un enfant de la famille ». « On était prêt à lui acheter une plantation de caféiers et une maison au Burundi, avait assuré l’ex-ministre de la Justice, plein d’aplomb à la barre de la cour d’appel de Versailles. Mais on s’est rendu compte par la suite que son plan n’était pas de retourner là-bas. Il nous a tout simplement piégés. »
Pour mémoire, les époux Mpozagara avaient déjà été condamnés en 2007 en France avant d’être relaxés en appel dans un dossier similaire qui concernait deux nièces venues, elles aussi, du Burundi.