Procès. Pour son enfance exploitée, Astan K. réclame justice (24/01/2018)

Au terme d’un marathon judiciaire de plus de dix ans, le tribunal de Nanterre s’est enfin penché, mardi, sur la culpabilité de celle qui a fait venir du Mali une jeune fille de 13 ans pour lui servir d’esclave domestique. Verdict mi-février.


La justice va-t-elle enfin passer ? Le 19 février prochain, le tribunal correctionnel de Nanterre rendra son verdict dans le procès qui oppose Astan K., aujourd’hui âgée de 32 ans, à la femme qui l’a fait venir du Mali pour l’utiliser comme « bonne à tout faire ». « Moi, je veux qu’elle soit condamnée, qu’elle paye pour le mal qu’elle m’a fait et qu’elle ne puisse pas le faire à d’autres », a expliqué la jeune femme, mardi, à l’audience. Aujourd’hui, Astan s’est reconstruite. Elle a un travail, un mari et deux enfants. Une résilience saluée par la juge, mais qui n’empêche pas la mère de famille, par la voix de son avocate, Me Juliette Vogel, de demander « une réparation symbolique », une « indemnisation des préjudices subis » pendant ses années de calvaire.

Tout a commencé en 2000. Handicapée, enceinte, et devant déjà s’occuper de cinq mineurs, Mme D. n’a pas obtenu l’aide à domicile qu’elle réclamait. Qu’à cela ne tienne, en séjour au Mali, son pays d’origine, elle convainc le père d’Astan de lui confier sa fille. La petite fera ses études en France et, en échange, aidera un peu avec les enfants. Voila Astan, alors âgée de 13 ans, retirée du village où elle vivait avec sa grand-mère pour être envoyée chez une inconnue, dans un pays dont elle ignore tout, à commencer par la langue. À peine arrivée, elle déchante. « Tu te crois où ? Ici, on travaille », lui lance Mme D. dès le premier jour.

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