Rencontre à Abidjan avec une figure de la lutte abolitionniste, en tournée africaine. Le Mauritanien veut mobiliser les pays subsahariens contre ce qu’il qualifie de « racisme d’Etat ».
Extraits:
(…) Son combat, Biram Abeid l’a dans le sang, étant lui-même un descendant d’esclaves de l’ethnie noire Haratine.« Mon père a été affranchi quand il était dans le ventre de sa mère. » Un geste de superstition des maîtres qui régnaient sur sa famille censé conjurer un mauvais sort.« Mon père, lui est né libre, mais sa mère est restée esclave jusqu’à sa mort. » Les deux frères aînés de Biram ayant perdu la vue et ses sœurs étant interdites d’études supérieures, il sera le seul d’une fratrie d’onze enfants à être scolarisé. Suivant la volonté de son père, il étudie pour combattre l’esclavage. « Il m’a demandé de connaître les livres sacrés et les lois des“Blancs” pour pouvoir leur apporter la contradiction. » Il part donc étudier le droit et l’histoire au Sénégal, en Suisse et au Maroc, porté par cette mission. « Je devais avoir la force de penser le droit musulman mauritanien,se souvient-il. Un droit selon lequel l’esclavage est une chose sacrée. »Tous ses travaux d’étudiants traitent donc de cette question.« J’agis selon mon histoire, le fil conducteur de ma vie de damné de la terre, confie-t-il dans un soupir.»
(….)Le regard noir, perçant, de Biram Dah Abeid témoigne à lui seul d’une vie de luttes. En mai, dès sa sortie de prison, le Mauritanien de 51 ans, président de l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), s’est lancé dans une tournée en Afrique subsaharienne. Il entend dénoncer l’esclavage moderne auquel sont soumises les populations noires de Mauritanie. Infatigable malgré la fatigue des vols qui l’ont mené à Bamako, à Ouagadougou et à Abidjan. Début septembre, Biram Abeid a rencontré plusieurs hommes politiques et des membres de la société civile de ces trois pays. Son prochain rendez-vous, en octobre, est avec l’Union Africaine, à Addis-Abeba, pour obtenir une condamnation de la Mauritanie.
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