Rencontre du CCEM avec La ministre des Droits des femmes (03/02/2014)

La ministre des Droits des femmes a rencontré plusieurs victimes d’esclavage domestique et l’équipe
du Comité contre l’esclavage moderne dans les locaux du CCEM à Paris


Najat Vallaud Belkacem aime aller sur le terrain. Ce lundi 3 février 2014, après une réunion au sein de son ministère avec le collectif associatif Ensemble contre la traite pour la préparation du futur plan national de lutte contre la traite des êtres humains, la ministre des Droits des femmes a donc rendu visite au CCEM dans ses locaux de l’avenue Parmentier à Paris. Une façon bien à elle de constater de visu la réalité de l’esclavage domestique, un des drames nés de la traite. Plusieurs victimes lui ont raconté avec leurs mots et leur émotion leur calvaire, les années de vie confisquées, la peur, la faim… S, enfermée pendant des années et conduite brutalement en pleine nuit dans une rue de Paris n’a jamais pu porter plainte contre ses exploiteurs dont elle ignore le nom ou l’adresse ; Z, échappée d’un grand hôtel où elle accompagnait une richissime famille qui a pu quitter la France sans être inquiétée par la police ; S, ancien boat people, en servitude dans un haras en Normandie où le manque de soins l’a conduit à s’arracher lui même plusieurs dents, mais qui a vu ses patronnes condamnées en première instance et en appel. R, qui préféré descendre du 6ème étage avec une mauvaise corde plutôt que de rester chez ses maîtres et s’est brisé le bassin en sautant à la hauteur du 2ème étage car la corde était trop courte.. K. encore incapable d’évoquer longtemps les mois passés en servitude tant la peine est profonde…

Les avocats qui les accompagnent et les juristes du CCEM ont expliqué les difficultés qu’ils rencontrent : pour déposer plainte, pour faire reconnaître la réalité des infractions, pour que soient retenus les faits de traite des êtres humains, la vulnérabilité des victimes, les mauvaises conditions de vie, les violences psychologiques ou physiques… Tout se passe à huis clos, parole contre parole.. L’équipe du CCEM a répondu aux interrogations de la ministre et rappelé l’importance du suivi socio-éducatif pour la réinsertion des victimes, souvent perturbé par les problèmes liés à l’hébergement.

Le temps ministériel étant toujours compté, Najat Vallaud Belkacem est repartie vers d’autres tâches, mais sa visite chaleureuse apporte un soutien bienvenu au Comité contre l’esclavage moderne. Accompagnée d’Elisabeth Moiron Braud, secrétaire générale de la Miprof (Mission interministérielle pour la lutte contre les violences faites aux femmes et la traite des être humains) et d’Eric Panloup, coordinateur national de la lutte contre la traite, elle a ainsi complété son approche concrète des questions du travail esclave, tout comme elle avait rendu visite il y a quelques mois à l’association Hors la rue qui travaille au côtés des mineurs.

Désormais la balle est dans le camp des ministères qui font les ultimes arbitrages autour du futur plan de lutte contre la traite des êtres humains dont les associations attendent beaucoup. Avec une même idée : améliorer la protection de toutes les victimes de traite que cette dernière soit à des fins sexuelles, de travail esclave ou de mendicité ou de vol forcés.