L’Union Européenne vient d’organiser un colloque le 18 octobre à l’occasion de la 6ème journée internationale contre la traite des êtes humains.
La nouvelle stratégie de l’Union européenne comprend 40 mesures concrètes et pratiques présentées le 19 juin 2012 par La commissaire européenne suédoise chargée des Affaires intérieures, la Suédoise Cecilia Malmström. Il concerne la prévention, la protection, le soutien aux victimes et la poursuite des trafiquants. Elle a fixé cinq priorités :
- promouvoir la mise en place d’unités de répression nationales spécialisées dans la traite d’êtres humains ; créer des unités communes d’enquête et associer Europol et Eurojust à tous les dossiers de traite d’êtres humains revêtant une dimension transfrontière;
- informer clairement les victimes de leurs droits en vertu de la législation de l’UE et de la législation nationale, notamment de leur droit à une assistance, à des prestations de santé et à un permis de séjour et de leurs droits en matière de travail ;
- créer un mécanisme européen destiné à mieux détecter, orienter, protéger et aider les victimes d’un trafic ;
- instituer une coalition européenne des entreprises contre la traite des êtres humains afin d’améliorer la coopération entre les entreprises et les parties concernées.
- créer une plate-forme européenne des organisations et des fournisseurs de services de la société civile travaillant dans le domaine de l’assistance aux victimes et de leur protection dans les Etats membres et dans certains pays tiers ;
- soutenir les projets de recherche analysant le rôle de l’internet et des réseaux sociaux en tant qu’outils de recrutement de plus en plus fréquemment utilisés par les trafiquants.
“L’esclavage n’est pas encore un sujet réservé aux livres d’histoire. C’est terrible de voir, aujourd’hui encore, des êtres humains mis en vente, contraints au travail forcé ou à la prostitution. Nos actions visent avant tout à aider les victimes et à traîner les trafiquants devant la justice“, a déclaré Mme Malmström.
Selon la Commission européenne, des centaines de milliers de personnes sont victimes de la traite des êtres humains dans l’Union Européenne chaque année. Ces hommes, femmes, garçons et filles en situation de vulnérabilité sont vendus à des fins d’exploitation sexuelle, de travail forcé, de prélèvement d’organes, de mendicité, de servitude domestique, de mariage forcé, d’adoption illégale ou d’autres formes d’exploitation encore.
Ce sont les femmes et les filles qui sont les principales victimes de la traite : entre 2008 et 2010, les victimes étaient féminines dans 79% des cas (dont 12% de filles) et masculines dans 21% des cas (dont 3% de garçons).
A l’heure actuelle, les auteurs de ces crimes ne finissent encore que trop rarement derrière les barreaux, le nombre de condamnations dans des affaires de traite d’êtres humains est passé d’environ 1.500 en 2008 à 1.250 en 2010 dans l’UE, a reconnu la Commission européenne. L’Organisation internationale du travail (OIT) estime que les personnes victimes du travail forcé, exploitation sexuelle comprise, sont au nombre de 20,9 millions dans le monde, dont 5,5 millions d’enfants.
Dans les économies développées (Etats-Unis, Canada, Australie, Japon, Norvège et États membres de l’UE), le nombre de travailleurs forcés est estimé à 1,5 million, soit 7% du total mondial. La traite des êtres humains procure aux organisations criminelles internationales du monde entier des bénéfices qui dépassent les 25 milliards d’euros par an.
La “Stratégie de l’UE en vue de l’éradication de la traite des êtres humains (2012-2016)” sera soumise au Parlement européen et au Conseil. La Commission européenne s’est engagée à présenter tous les deux ans au Parlement européen et au Conseil un rapport d’évaluation des progrès réalisés dans la lutte contre la traite des êtres humains.
Commentaire du quotidien suédois Dagens Nyheter
Des sanctions plus strictes, une meilleure coopération entre la police et la justice au-delà des frontières et des équipes d’experts formées spécialement font partie de ce projet. Il était grand temps,selon le quotidien libéral Dagens Nyheter : “Les systèmes juridiques réfléchissent et agissent en se concentrant bien trop exclusivement au niveau national. Il est scandaleux qu’en 2012, la traite des êtres humains soit si répandue. Dans le même temps, le rapport de Cecilia Malmström est marqué par la détermination. Chaque pays de l’UE doit mettre en place des unités de police
nationale et un parquet adapté pour collaborer et échanger des informations. …
La traite des êtres humains est un crime qui fait de nombreuses victimes :
les personnes directement concernées, leur famille et ceux qui sont touchés par
les crimes que les victimes sont souvent obligées de commettre. La traite des
êtres humains est l’expression d’un cynisme grossier et le signe du mépris de
la dignité humaine. L’opinion publique doit s’en préoccuper pour la
combattre.”