L’ONU, par la bouche de Gulnara Shahinian, représentante spéciale sur les formes contemporaines d’esclavage, demande une enquête au gouvernement libanais après le suicide d’une domestique éthiopienne, Alem Dechasa, maltraitée en pleine rue par un employé d’un bureau de placement d’employées de maison venues des pays pauvres. Ces images d’une rare violence ont bouleversé les internautes.
La scène qui se passait le 24 février à Beyrouth devant le consulat d’Ethiopie a été filmée par un passant. Le vidéo a été vue plus de 500 000 fois sur YouTube. On y voit un homme frapper une femme, la traîner par terre et la mettre de force dans une voiture. Hospitalisée après un bref séjour en prison, elle s’est suicidée avec ses draps. Cette femme de 33 ans, mère de deux enfants était venue quelques mois plus tôt pour travailler chez des particuliers. Mise à la porte sans avoir, été payée, elle a, semble-t-il, refusé que l’agence de recrutement la renvoie en Ethiopie et tenté de s’enfuir. Elle ne voulait pas rentrer sans argent dans son pays d’origine. Elle avait emprunté de l’argent pour payer le voyage et l’agence de recrutement. Elle ne parlait ni l’arabe ni l’anglais. Elle a préféré se donner la mort.
Plus de 200 000 domestiques originaires de la Corne de l’Afrique, des Philippines, de l’Inde ou du Sri Lanka travaillent au Liban.Cette affaire relance les débats sur l’esclavage domestique dans ce pays, où les mauvais traitements et les suicides ne sont pas rares. Selon une enquête citée par le journal “Le Monde”, et réalisée par une association, 88% des employeurs confisquent le passeport de leur employée et 31% l’enferment à la maison. Le gouvernement éthiopien, après des affaires de mauvais traitements sur les domestiques expatriées avait interdit à ses ressortissantes d’aller travailler au Liban. Aujourd’hui, l’homme qui a frappé Alem Dechasa n’a pas été inquiété.
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