La pandémie accroît les risques d’esclavage moderne (13/05/2020)

Avant la pandémie, au moins 25 millions d’adultes et d’enfants étaient déjà victimes de travail forcé à travers le monde. Cet esclavage moderne risque d’augmenter. En Afrique du Sud par exemple, des ouvriers ont été littéralement enfermés pendant plusieurs jours dans une fabrique de masques pour répondre au carnet de commandes. L’accroissement exponentiel de la demande mondiale de masques et de gants a provoqué une production accélérée dans les usines déjà existantes.

La situation est également inquiétante en Malaisie, le plus important producteur mondial de gants en latex. Des témoignages font état de dortoirs et d’autobus bondés de migrants qui travaillent à la chaîne debout, coude à coude, 12 heures par jour, empêchant toute distanciation sociale. Déjà en 2018, une enquête du journal britannique The Guardian révélait que des migrants s’étaient vu confisquer leurs passeports et leurs salaires par deux fournisseurs malaisiens de gants médicaux. En Malaisie, on compte entre trois et quatre millions de migrants provenant du Bangladesh, du Népal, du Myanmar et de l’Indonésie, qui paient des entremetteurs pour obtenir un emploi, devenant ainsi prisonniers de leur dette. C’est une des caractéristiques de l’esclavage moderne.

Le Canada ferme-t-il les yeux sur de telles violations des droits de la personne puisque nos gouvernements achètent dans l’urgence des tonnes d’équipement de protection personnelle pour faire face au coronavirus ? Toutes les vérifications sont-elles faites auprès des fournisseurs et dans les chaînes d’approvisionnement quel que soit le pays ? Sans doute que non, puisque Approvisionnement Canada n’a pas encore de règles contraignantes à cet effet. Il y a bel et bien une nouvelle stratégie fédérale pour combattre la traite des personnes dans les achats publics, mais on en est encore à l’étape des études.

Un autre exemple : selon les Nations unies, dans le sud de l’Espagne, des milliers de travailleurs agricoles sans papiers vivent entassés dans des abris faits de carton et de plastique, sans eau courante ni nourriture. Ceux qui récoltent fruits et légumes pour les Européens n’ont aucune protection contre la COVID-19.