Cette jeune fille a été recueillie durant la nuit de mardi à mercredi à Rambouillet par le Secours catholique avant d’être mise en sécurité par la justice.
Elle dit avoir été séquestrée et exploitée. Une adolescente de 16 ans a été recueillie, durant la soirée de mardi à Rambouillet, par les forces de l’ordre.
Vers 18 h 10, rue Dubuc, le Secours catholique prévient la police après avoir accueilli une jeune fille en détresse. « Cette adolescente d’origine Congolaise raconte qu’elle vient de s’échapper d’un appartement où elle était retenue prisonnière », précise une source proche de l’affaire. La jeune fille aurait profité du fait que son bourreau serait sorti en oubliant de fermer la porte à clé. « Selon ses déclarations, elle serait parvenue à prendre la fuite vers 15 heures avant d’errer pendant plus de trois heures dans les rues, sans demander de l’aide à personne, pour finalement arriver au Secours catholique », ajoute la même source.
La victime présumée dit avoir été violée quatre fois par semaines
L’adolescente explique qu’elle était recluse dans un appartement depuis décembre dernier. « Elle raconte qu’un ami de son père avait organisé depuis le Congo son voyage pour la France avec une promesse d’y trouver du travail, confie une autre source. Mais c’est un homme âgé d’une quarantaine d’années qui serait venu la chercher à l’aéroport avant de l’enfermer, de l’obliger à s’occuper des tâches ménagères et de la violer quatre fois par semaine ». La victime a été conduite et recueillie dans un foyer de Mantes-la-Jolie.
Pour l’heure, les enquêteurs du commissariat de Rambouillet prennent l’affaire très au sérieux mais restent prudents. Ils vont tenter de vérifier cette histoire car l’adolescente n’a pas été capable de donner l’identité de son agresseur ni de leur indiquer où pouvait se trouver cet appartement où elle aurait été séquestrée.
L’ESCLAVAGE MODERNE NE FAIBLIT PAS
Dans les Yvelines, peu d’affaires de ce type ont été traitées par la justice durant ces dernières années. Mais en région parisienne, l’esclavage moderne reste un problème qui ne fléchit pas. « C’est un phénomène stable, précise Sylvie O’dy, la présidente du comité contre l’esclavage moderne. En 2018, nous avons enregistré 354 signalements et nous nous sommes occupés de 181 personnes ».
Cette organisation qui a vocation à venir en aide aux victimes existe depuis 25 ans. Elle accompagne ces femmes et ces hommes sur le plan social et psychologique et les aide à faire valoir leurs droits. En 20 ans, le comité les a accompagnés lors de 320 procès. La majeure partie de ses affaires ont été découvertes en Ile-de-France. Les cas les plus courants sont des jeunes femmes originaires du Maghreb, d’Afrique de l’Ouest ou d’Asie à qui l’on confisque leur passeport et que des familles forcent à travailler sans rémunération à domicile. Et souvent les victimes subissent des agressions sexuelles.
Le Maroc arrive en tête des pays les plus concernés. « La nouveauté, c’est que nous avons aussi accueilli 30 % d’hommes, privés de leur passeport et menacés qui travaillent comme des esclaves dans le bâtiment, les services et la restauration », révèle Sylvie O’dy. Pour l’avenir, le comité a mis en place un partenariat avec des ONG marocaines pour tenter de juguler le phénomène par l’information en s’appuyant sur la législation du pays. Il entend aussi continuer ses efforts de sensibilisation en France pour rendre l’identification des victimes de la traite des êtres humains plus facile.