En 2019, l’esclavage est toujours une réalité en France. Zita Cabais-Obra, une ancienne victime, est aujourd’hui responsable de section à la CFDT. Elle aide des femmes immigrées à s’évader et combat inlassablement ceux qui les exploitent.
Espace associatif C3B, Paris 15ème – « N’oubliez pas que vous avez des droits ! » C’est une petite dame brune à la voix douce. Mais quand il le faut, Zita Cabais-Obra sait se faire entendre. Chaque dimanche après-midi, de 16h à 18h, cette Philippine de 56 ans donne bénévolement des cours en droit du travail à une poignée de ses compatriotes. Les femmes à qui elle s’adresse sont des travailleuses domestiques. Sans papiers ou bénéficiant d’une carte de séjour, elles sont venues en France gagner de l’argent pour soutenir leurs familles restées au pays. Zita a été à leur place, elle connaît leur fragilité. Mais elle insiste :
« En résidant et en travaillant ici, vous payez des taxes et des charges sociales, qui contribuent à l’économie française. Vous méritez le respect. »
Mais comment se faire entendre quand on ne parle pas la langue ? Avec Association Sangunian Filipino (ASF), l’association qu’elle a créée, Zita propose donc aussi des cours de français. Ils sont délivrés par Guy Touati. Moustache à la George Brassens et casquette marine, cet ancien professeur à la Sorbonne enseigne à « ses étudiantes », comme il les appelle affectueusement, « du vocabulaire en lien avec leur quotidien ». La plus âgée a 65 ans. Elle travaille encore. « Et là, je viens d’apprendre que la plus jeune, de 18 ans, travaille pratiquement tous les jours jusqu’à 3h du matin », s’indigne le retraité.
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