En Tunisie, le calvaire des « bonnes » africaines (31/10/2016)

 
Tunis a adopté une loi sur la « répression » de la « traite des personnes », mais le démantèlement des réseaux risque d’être compliqué tant le phénomène est enraciné dans la société.

Angèle Kona a les tresses nouées en chignon, et de larges boucles d’oreilles oscillant à fleur de cou. A la voir ainsi apprêtée, son sac à main délicatement posé à ses côtés sur le canapé où elle a pris place, on imagine mal le calvaire dont elle sort à peine. L’Ivoirienne témoigne dans la pénombre du presbytère catholique de Sfax, grosse ville marchande du littoral oriental de la Tunisie. Les remparts crénelés de la médina, épaisses murailles cernant un lacis de ruelles, sont tout proches.

Angèle, âgée de 40 ans, narre son histoire de victime d’un de ces trafics qui prospèrent en cette Tunisie à la « transition démocratique » grevée d’ambivalences. Il y a huit mois, elle avait décollé d’Abidjan, des rêves plein la tête. Orpheline, aînée d’une fratrie de huit enfants – toutes des filles – survivant péniblement, elle avait tant espéré de cet emploi de domestique que lui offrait une famille tunisienne.

Les choses semblaient si simples. Une escapade à l’étranger et un précieux revenu pour soulager les sœurs, restées au pays. Comment aurait-elle pu subodorer le piège ? Le « marché » des femmes de ménage d’Afrique subsaharienne travaillant dans les familles aisées de Tunisie relève d’un véritable régime de traite, ainsi qu’a fini par le reconnaître la loi tunisienne elle-même. En juillet, l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a adopté, à Tunis, une loi très attendue sur la « répression » de la « traite des personnes ».

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