Mauritanie: 2 ans de prison pour les anti-esclavagistes (15/01/2015)

Le tribunal de Rosso a condamné Biram Ould Abeid, président de l’IRA, à deux ans de prison ferme ainsi que deux autres militants anti esclavagistes le 15 janvier 2015. Les autres prévenus ont été relaxés.

La justice a retenu contre eux un seul chef d’accusation : «offense et désobéissance à la force publique». Le candidat à la dernière présidentielle, leader de la jeunesse haratine anti-esclavagiste, était jugé pour appartenance à une organisation non reconnue, rassemblement non autorisé, et violence contre la force publique. Le procureur de la République de Rosso (sud de la Mauritanie) avait requis le 24 décembre 2014 cinq ans de prison ferme et des amendesPour l’avocat de Biram, Me Ebetty, la justice a condamné sans preuve et cette condamnation est considérée comme un recul des libertés en Mauritanie. Me Ebetty a annoncé son intention de faire appel de la condamnation.
Dix militants anti-esclavagistes avaient été arrêtés mi-novembre à Rosso alors qu’ils menaient une campagne pour dénoncer l’esclavage en Mauritanie.La défense a démontré l’inexistence de troubles à l’ordre public et de rassemblement non autorisé par leurs clients, car la caravane objet de l’accusation était bien autorisée par l’administration et a pu circuler librement quelques jours dans la vallée du fleuve Sénégal (sud) avant son arrivée à Rosso où les militants ont été interpellés et écroués, a affirmé en décembre Me Yarba Ould Ahmed Saleh.
Selon lui, l’organisation IRA, Initiative pour la Résurgence Abolitionniste est reconnue de fait parce qu’elle a son siège au coeur de Nouakchott et son président a été candidat à la présidence de la République lors de l’élection organisée en juin 2014 et remportée par Mohamed Ould Abdel Aziz.
Le siège de l’IRA à Nouakchott a été fermé le 12 novembre 2014 par la police. Les autorités mauritaniennes ont accusé les responsables de l’IRA d’avoir organisé des rassemblements ayant servi notamment de tribune pour une propagande raciste.
Le 19 décembre 2014, la France a indiqué suivre avec attention la situation des militants anti-esclavagistes mauritaniens, en rappelant son attachement à la liberté d’expression, d’association et de manifestation pacifique ainsi qu’au respect des droits de la défense et au droit à un procès équitable.
Le 18 décembre 2014, le Parlement européen avait adopté une résolution condamnant leur arrestation et réclamant leur libération. Une demande rejetée le même jour par le président mauritanien, soupçonnant l’institution européenne de dessein inavoué (…)
Officiellement, l’esclavage a été aboli en 1981 en Mauritanie. Depuis 2007, les personnes reconnues coupables d’esclavagisme y encourent des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison. 
(Avec RFI et l’AFP  )